Chapelle St-Jean Baptiste

 

La chapelle Saint Jean-Baptiste est située en haut du village de Saint-Sorlin d'Arves, dans le hameau de Pierre-Aiguë, au bord de la route qui monte au col de la Croix de fer.

Cette route était autrefois étroite et passait entre une rangée de vieilles maisons (qui ont disparu depuis) et la chapelle.

Vue ancienne st jean baptiste

C’est un dénommé Jean-Baptiste BERNARD habitant de Pierre-Aiguë, qui a fait construire cette chapelle en 1671 avec ses propres deniers. Il dota cette chapelle de revenus pour y faire dire régulièrement prières et messes “pour le remède, repos et salut de l’âme du dit créateur, à l’intention des défunts de sa famille et de ceux du hameau”. Il eut 7 enfants mais en vit périr 6 de son vivant. Il est décédé à son tour le 18 janvier 1692.

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C'est une chapelle modeste (6,7 mètres de long sur 5 mètres de large) mais typiquement de style baroque savoyard du 17è siècle, avec un enduit rustique brut sur les murs extérieurs, un peu plus lissés sur la façade, laissant apparaître une croix et quelques belles pierres avec des inscriptions.

Sont seulement mis en valeur le petit porche cintré avec sa croix tréflée, les entourages de fenêtres et les quatre arêtes d’angles, tous taillés en pierre de tuf (roche volcanique légère provenant d’une carrière située au fond de la vallée de l'Arvan).

Le toit était primitivement recouvert d’ardoises du pays, très friables, découvertes en miettes dans les combles. Il fut remplacé par un toit en tôle, sans doute dès le début du 20è siècle. Un petit clocher couronne cet édifice. La cloche porte la date de 1672 et l’inscription H.S.M.A. S.I.B.I.B.E.T.(?).

Les inscriptions sur la façade sont intéressantes.

A gauche de la porte, des motifs savoyards encadrent l’anagramme du Christ I H S, surmonté de la Croix, du soleil et de la lune, avec, au dessus, JESVS MARIA JOSEPH 1671.

A droite, gravé sur une grande pierre apparente, le rappel de la consécration de la chapelle par Mgr Hercules BREZET en 1671, qui recommande de prier Saint Jean-Baptiste et qui accorde, pour ceux qui le font, 40 jours d’indulgence plénière.

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Sur le pignon à l'arrière de la chapelle : “JÉSUS MARIA - JEAN BAPTISTE BERNARD - IL A FONDE (la chapelle) LE 23 MAY 1671”.

Remarquez aussi à l'arrière, la porte d'entrée d'une cave sous la chapelle. Quelques gens du pays se rappellent qu'on y mettait des pommes de terre et qu'elle avait bien pu servir aussi d'étable pour quelques moutons.

A l'intérieur l'on y trouve des voûtes en arcades; une pour la nef, une demie pour le chœur et sont décorées de nombreux angelots moulés dont plusieurs manquent.

L’autel en bois est simple. L'antependium (le devant d'autel) est en bois sculpté, il représente Saint Jean Baptiste prêchant dans le désert.

Le retable, derrière l’autel, est composé d'un beau cadre de bois avec volutes, doré à la feuille d'or, et d'une grande toile représentant la décollation de Saint Jean-Baptiste.

En effet, Saint Jean-Baptiste est présenté comme l’Agneau de Dieu immolé (voir l'inscription "ECCE AGNUS DEI") et la partie supérieur du cadre indique bien la fonction de ce lieu de culte "DEFUNCTUS ADHUC LIQUITUR", passage de l’épître aux hébreux qui dit "les défunts nous parlent maintenant".

Une inscription en bas à gauche du tableau indique la date de sa réalisation : "le 7 du mois de septembre 1671 à Saint Michel". Cela a éveillé la curiosité des experts de la Conservation Départementale du Patrimoine qui ont découvert (à droite du tableau) la signature d'un des grands maîtres de la peinture savoyarde au 17è siècle, Gabriel DUFOUR, qui avait effectivement un atelier à Saint Michel de Maurienne. Alors que cette toile commençait à s'effriter, cette découverte a entraîné un travail de restauration complet par un atelier spécialisé, ce qui lui a permis de retrouver, sans bourse déliée, toute sa jeunesse.

Cette chapelle servait surtout à prier pour les défunts du hameau et était même une chapelle funéraire en hiver où l'on gardait les corps jusqu'au printemps pour pouvoir les enterrer au cimetière du village. Il n’y a pas de tabernacle puisque les hosties consacrées n’étaient conservées qu’à l’église paroissiale où tout le village se rassemblait pour la messe dominicale.

Des objets du culte, notamment la pierre d’autel, des vases, des linges sacrés et quelques ornements d’autel ont été retrouvés dans le beau petit meuble à droite.

Travaux de restauration réalisés

L’édifice a dû être consolidé en urgence dès la création de l'Association Saint Jean-Baptiste (d'où son nom) car le toit prenait l'eau suite à l'arrachement des arrêt-neiges, au pourrissement des lambris et du parquet intérieur, et surtout à la rupture d'une poutre horizontale de la charpente. Les murs s'écartait, la chapelle s'ouvrait.

Accolée à la route du col de la croix de fer, le passage fréquent de camions et de cars n'arrangeait rien. Aussi, dès l'été 1989, Jacques BELLOT-MAUROZ a refait gracieusement l'étanchéité du toit et il a été demandé à Pierre BAUDRAY, entrepreneur spécialisé, de poser deux clés de renfort en travers de la chapelle. Un menuisier, adhérent de l'association, à refait à l'identique deux des fenêtres complètement délabrées.

Ont suivi en 1993, la réfection complète des enduits extérieurs de l'édifice par l'entreprise DURAZ, en respectant les préceptes du baroque, jusqu'à la composition de l'enduit à la chaux vive mélangé à un sable de rivière bien spécial.

Enfin, l'intérieur de la chapelle n'a pu être entrepris qu'en 2012 en réparant une partie de la voûte qui s'effondrait, en reprenant les entourages de fenêtres, en remodelant un des poteaux latéraux, et en consolidant tout l'édifice par le coulage au sol d'une chape en ciment bien arrimée aux murs. Un nouveau parquet a pu être posé juste avant le retour de restauration du retable.

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