Ste-Reine

Trois anciens bijoux d’art populaires religieux oubliés pendant des lustres au fond d’un vieux coffre. Délicatement dépoussiérées par des passionnés de l’association Saint Jean-Baptiste, ces jolies boîtes ou armoires dites de «Sainte Reine» (dont la datation exacte reste à confirmer par des experts), proviennent toutes d’Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, haut lieu de pèlerinage aux XVIIe et XIXe siècles.
Ces trois boîtes ou « chasses » contiennent des figurines très naïves modelées en relief en pâte peinte illustrant la vie et le martyre de Reine, jeune fille chrétienne violentée pour sa foi puis décapitée par Olibrius, gouverneur des Gaules en 253 après JC. Une source miraculeuse aurait jailli du lieu même de son supplice et devint ainsi très tôt une destination de culte qui draina au XVIIe siècle jusqu’à 60.000 pèlerins par an venus de toute l’Europe ! Sainte Reine, aujourd’hui tombée dans l’oubli, était aussi vénérée que Sainte Thérèse-de l’Enfant-Jésus…
Dotées ou non de deux battants recouverts de feuilles de journaux d’époque et protégées, pour deux d’entre elles, par un épais verre sombre bullé, ces boites de Sainte Reine sont assez bien conservées compte tenu de leur grande fragilité, les matériaux périssables et donc difficiles à entretenir en bois de peuplier, pâte à pain ou en colle de poisson dont sont faits les personnages, tissus découpés et papiers plissés en accordéon par exemple pour la longue jupe de St Reine représentée en princesse ou placée dans l’ombre protectrice d’un grand Christ en Croix. C’est dire la rareté de ces touchants objets de dévotion dont on recense actuellement en France à peine une centaine d’exemplaires. Quelques boîtes seulement ont été répertoriées en Maurienne auxquelles il faut ajouter maintenant celles de Saint Sorlin d’Arves, ce dont on peut se réjouir.
Pour la petite histoire, des colporteurs nommés « Montrons » en ramenaient de Bourgogne pour les vendre en Bresse, en Auvergne et en Savoie. Des pèlerins rapportaient eux aussi d’Alise les «Boîtes de Reine» pour les offrir à la chapelle de leur village ou de leur hameau, espérant ainsi une protection divine contre les nombreux fléaux de cette époque : guerres, famines et pestes, surmortalité des femmes en couche et des enfants.... Preuve en est, avec ces trois témoignages de ferveur populaire remis en lumière, que la chapelle des Pres-Plans, dédiée à «Notre Dame de la Vie», fut et reste encore sans aucun doute par ces temps de tourmente, un refuge privilégié, un havre de paix et de silence au cœur de la Vallée de l’Arvan.